« L’anarchisme est la meilleure piste de lancement vers l’implosion créative. »
Enrico Baj, né à Milan le 31 octobre 1924 et mort à Vergiate le 16 juin 2003, est un peintre italien, libertaire anarcho-pataphysicien.
En 1951, avec le peintre Sergio Dangelo, il fonde le Mouvement nucléaire, considéré comme l’équivalent italien du mouvement CoBrA.
En 1953, il fonde avec le peintre Asger Jorn le « Mouvement international pour un Bauhaus imaginatif » et organise les Rencontres internationales de céramique d’Albisola, auxquelles participent les peintres Matta et Roland Giguère.
À partir de 1955, il compose ses tableaux avec des éléments les plus hétéroclites comme des morceaux de verre, des écheveaux de laine, de la toile à matelas, des cadrans de montre. Cette même année, avec l’écrivain Édouard Jaguer, il crée la revue italienne Il gesto.
Après avoir rencontré Mesens à Londres, Marcel Duchamp et Arturo Schwarz à New York, il fait la connaissance d’André Breton à Paris (1962).
À partir de 1965, il commence une série de collages représentant des figures grotesques de dames et de généraux en costume d’apparat surchargé de décorations pour se moquer des conventions bourgeoises et des incompréhensions politiques et sociales.
Baj trouvera son propre langage vers 1957 avec ses premiers assemblages non destinés à cohabiter, des matériaux diversifiés au possible (médailles, étiquettes, cadrans de montres…) vont se retrouver hors de leur contexte et placer l’intervention picturale au premier plan.
Baj est un homme libre et c’est d’abord de liberté qu’il entend nous entretenir dans sa peinture et ses gravures. Homme épris de liberté dans le sens le plus libertaire, Baj exprime son horreur de toutes les formes d’oppression avec cet immense tableau-collage « Les funérailles de l’anarchiste Pinelli » réalisé en 1970. Au milieu de manifestants et de militaires ubuesques bardés de décorations, les figures de l’anarchiste Pinelli, de sa femme et de sa fille sont les signes d’une violente protestation contre l’injustice. Fresque inspirée du Guernica de Picasso, longtemps interdite d’exposition.
Pour Baj, le moteur de son inspiration n’était ni l’appât du gain, ni la gloire factice mais bien « l’esprit libertaire toujours présent dans les pulsions initiales de l’artiste. Pourquoi s’engage-t-on dans cette activité là ? Pour la liberté de l’invention, l’imagination créatrice, l’adhésion à son temps ».
Il a beaucoup aidé le mouvement anarchiste en Italie et ailleurs. Il a fait des dons d’œuvres au Centre International de Recherches sur l’Anarchisme de Lausanne. Leur vente à des galeries a permis le financement de plusieurs projets.
Enrico Baj a également montré un fort intérêt pour la littérature. Il a illustré de nombreux livres et était lui-même auteur.
Depuis sa participation à la Biennale de Venise en 1964, de nombreux musées européens ont dédié des expositions à son œuvre.