‘No Limits’: How 2019 Could be a Defining Year for Zao Wou-Ki, MutualArt, 02.21.2019.
Initié dès son plus jeune âge à la discipline séculaire de la calligraphie, imprégné de la grande tradition Han et Song, formé à la peinture occidentale dans son acceptation la plus académique, ouvert à la modernité de Cézanne et Matisse à travers ses lectures, Zao Wou-Ki choisit en 1948 de partir pour la France, découvrir « la vraie peinture ».
Peu après son arrivée, son inscription à la Grande Chaumière et sa fréquentation de la galerie Nina Dausset lui offrent l’occasion de nouer des liens étroits avec Jean-Paul Riopelle et Sam Francis. En 1950, la rencontre décisive avec Henri Michaux marque le début d’une amitié sans faille ; sa confiance l’engage à continuer de pénétrer l’art occidental contemporain. En 1951, la découverte de l’œuvre de Paul Klee est pour lui une révélation ; s’opère alors une symbiose entre la musicalité de la calligraphie chinoise et les partitions de Paul Klee.
Peu à peu, Zao Wou-Ki, se libère de ces diverses influences pour acquérir son propre langage, synthèse du signe et de l’allusion chinoise et du lyrisme occidental. Sa gestuelle flamboyante, tantôt brutale, tantôt profonde et sereine, sa manière de faire vibrer la lumière, font écho à l’abstraction de la seconde école de Paris, au geste de Soulages, aux signes d’Alechinsky, aux griffures d’Hartung, à la véhémence de Riopelle ou à la lumière intérieure de Manessier.
Après avoir dénié pendant de nombreuses années les techniques de la peinturetraditionnelle chinoise et s’être tourné vers la peinture à l’huile, l’aquatinte et la lithographie, il redécouvre en 1972, sur les conseils d’Henri Michaux, l’encre de Chine. Renouer avec ses origines profondes lui ouvre paradoxalement la voie d’une totale liberté. Dès lors, l’œuvre se construit comme une « quête existentielle » pour atteindre au silence ; il s’emplit de la tradition et de la pensée chinoise du vide, traduisant son espace intérieur et son bonheur de peindre et de graver.
C’est sans doute à cause de la tradition chinoise, où peinture et poésie sont intimement liés, que tout au long de sa vie Zao Wou-Ki accompagnera les textes de ses amis poètes et écrivains – René Char, André Malraux, François Cheng,… – de gravures et de lithographies. La gravure fut pour Zao Wou-Ki un terrain idéal propice à la méditation et au retour au soi.
Extrait de texte de Aude Cordonnier et Dominique Tonneau